TRAITEMENTS
Généralités
Il existe plusieurs options thérapeutiques. Le choix doit se faire sur une base individuelle et peut varier dans le temps pour un animal donné. Il doit se faire en considérant les facteurs suivants :
Le patient
Âge
Poids
Tempérament
Rôle
Santé globale
Le propriétaire
Économique
Disponibilité
Motivation
Environnement
Objectifs : Assurer une qualité de vie au patient et au propriétaire
Éliminer ou diminuer la douleur; rendre le patient confortable
Maintenir la fonction articulaire
Garder ou rendre le patient fonctionnel et actif
Traitement conservateur
Peu importe la raison pour laquelle cette option a été choisie, le succès est plus probable et les résultats plus spectaculaires, si on tient compte de tous les éléments suivants :
Contrôle de l’environnement
Exercice : Favoriser l’activité physique ‘‘contrôlée’’ pour maintenir la masse et la fonction musculaire et éviter l’ankylose articulaire. Ex : la nage, la marche fréquente et régulière avec périodes de repos. Cette activité régulière facilite le maintien du poids corporel. On doit éviter les activités violentes (sauts, pivots…) ainsi que les surfaces dures et accidentées.
Poids : L’obésité crée une surcharge articulaire et exacerbe l’inconfort. La perte de poids peut être, à elle seule, suffisante pour rendre un animal confortable et actif. La gestion de l’obésité est plus facile si elle tient compte de l’alimentation et de l’activité du patient.
Physiothérapie : Le mouvement passif des articulations et les massages musculaires contribuent au bien-être du patient en favorisant la circulation sanguine au niveau musculaire et en maintenant l’amplitude articulaire. Le mouvement passif des membres ne remplace cependant pas l’activité physique (physiothérapie active).
La médication
Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (A.I.N.S.) : Ce sont les drogues les plus utilisées dans le traitement de l’arthrose. Elles procurent une analgésie et un effet anti-inflammatoire variable selon le médicament choisi. Certains auraient un pouvoir chondroprotecteur. Ils peuvent être utilisés pour traiter les phases aiguës de la maladie ou comme drogue de maintenance lors de douleur chronique.
Les médicaments ‘‘chondroprotecteurs’’ : Ce sont en réalité des suppléments nutritifs qui ont des propriétés anti-inflammatoires (diminution de la synovite) et chondroprotectrice (diminution de la dégradation du cartilage articulaire). Ils peuvent donc améliorer le confort des patients (prouvé cliniquement) et ralentir la progression de l’arthrose (prouvé expérimentalement). Leur efficacité est supérieure lorsqu’ils sont utilisés tôt dans l’évolution de la maladie et dans les cas d’arthrose minimale à modérée. On les retrouve sous forme injectable ou en comprimé.
Les corticostéroïdes : L’utilisation des corticostéroïdes dans le traitement de l’arthrose est contradictoire et limitée. Ils sont généralement réservés aux patients ne répondant à aucune autre forme de médication.
La médecine alternative (homéopathie, acupuncture, ostéopathie)
Ce type de traitement est de plus en plus populaire en médecine vétérinaire. Malgré que leur efficacité soit contestée, plusieurs rapports anecdotiques font mention de succès thérapeutique.
Traitement chirurgical
Au fil des années, plusieurs techniques chirurgicales ont été utilisées. Certaines ont été abandonnées, d’autres modifiées. Aujourd’hui, ces procédures chirurgicales nous permettent d’espérer un pronostic favorable chez la presque totalité des patients souffrant de dysplasie de la hanche :
La triple ostéotomie du bassin (Figure 50)
L’arthroplastie coxofémorale par exérèse de la tête et du col fémoral (Figure 51)
L’arthroplastie coxofémorale par la mise en place d’une prothèse totale de la hanche (Figure 52)
La symphysiodèse pubienne juvénile.
figure 50 |
figure 51 |
figure 52 |
La triple ostéotomie du bassin (TPO)
La TPO est considérée comme le traitement de choix de la dysplasie de la hanche:
Élimine la douleur
Permet un retour à une vie active
Arrête ou ralentit significativement la progression de l‘arthrose
Préserve l’articulation coxofémorale
Principe
L’hémipelvis est sectionné à trois endroits afin de permettre une rotation ventrolatérale de l’acétabule.(Figure 53) L’hémipelvis est fixé dans cette position à l’aide d’une plaque orthopédique spécialement conçue (Figure 54). Cette relocalisation de l’acétabule assure une couverture acétabulaire pour la tête fémorale et conséquemment une meilleure congruence articulaire. (Figure 55)
figure 53 |
figure 54 |
figure 55 |
figure 56 |
Candidats
Les candidats à ce type de chirurgie doivent répondre à des critères bien précis : (Figure 56)
Présence clinique ou radiologique de laxité articulaire dynamique
L’articulation coxofémorale doit être encore saine; tête fémorale ronde et acétabule profond
Le cartilage articulaire doit être intègre
Absence de lésions d’arthrose ou arthrose minimale
Évide
Classiquement, ces patients sont encore en période de croissance et la maladie est au début de son évolution.
Postopératoire
Repos complet 6 à 8 semaines
Complications
Les complications sont peu fréquentes et généralement sans séquelles permanentes :
Déficit neurologique (neuropraxie du nerf sciatique ou obturateur)
Défaillance des implants
Infection
Chirurgie du membre opposé : 2 à 6 semaines suite à la première intervention selon l’âge du patient et l’évolution de la maladie. La venue de nouveaux implants permet aujourd'hui d'opérer simultanément les 2 hanches
L’arthroplastie coxofémorale par exérèse de la tête et du col fémoral
Pour des raisons économiques et techniques, cette chirurgie est la plus utilisée dans le traitement de la dysplasie de la hanche :
Élimine la douleur chez la majorité des patients (+/- 85% des cas)
Permet un retour à une vie fonctionnelle
Degré d’activité variable selon le patient
Les résultats peuvent être difficiles à prévoir chez les plus gros chiens (>25kg)
L’articulation n’est pas préservée
Principe
Il y a exérèse de la tête et du col fémoral (Figure 57). L’articulation sera dorénavant supportée par la musculature locale et par la formation d’une fausse articulation fibreuse. L’amplitude de mouvement définitive de cette fausse articulation est dépendante de «l’élasticité» du tissu fibreux. Le succès de l’intervention repose sur l’utilisation rapide du membre opéré (élasticité accrue du tissu fibreux).
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figure 57[/size][/size]
Candidats
Théoriquement tous les chiens peuvent subir cette intervention par contre le pronostic varie d’un sujet à l’autre selon ses caractéristiques physiques et son tempérament. Les meilleurs candidats sont :
Tempérament fougueux, actif malgré la maladie
Masse et tonus musculaire acceptable
Chiens de moins de 25kg
Postopératoire
Favoriser l’utilisation rapide du membre
Analgésie prolongée pour favoriser l’utilisation du membre
Physiothérapie
Complications
Elles sont rares :
Douleur persistante due à un contact ‘‘os-os’’ entre le site d’ostectomie fémorale et l’acétabule.
Chirurgie du membre opposé : respecter un minimum de 8 semaines d’intervalle entre les deux interventions. Idéalement le membre opposé est opéré lorsque le premier membre est fonctionnel et non douloureux (4 mois et plus).
L’arthroplastie coxofémorale par mise en place d’une prothèse totale de la hanche
C’est la meilleure alternative à la TPO du point de vue fonction et mécanique de la hanche, particulièrement chez les très gros chiens. Son prix en limite par contre l’utilisation :
Élimine la douleur
Utilisation rapide du membre
Retour à une vie active
Améliore le pronostic des chiens de grandes races et de races géantes
L’articulation n’est pas préservée
Principe (Figure 58 )
Il y a exérèse de la tête fémorale et d’une portion du col fémoral et mise en place d’une prothèse fémorale. Il y a approfondissement et modelage de l’acétabule puis mise en place de la prothèse acétabulaire. La prothèse est maintenue en place à l’aide de ciment à os (polyméthylmétacrylate) pour les prothèses cimentées ou à l’aide de vis pour les prothèses non-cimentées. (Figure 59 )
figure 58 |
figure 59 |
Candidats
Tout comme l’arthroplastie par exérèse de la tête et du col fémoral, cette méthode chirurgicale en est une de dernier recours. Elle est généralement recommandée lorsque les symptômes sont persistants et qu’ils entraînent un inconfort chronique et non traitable par l’approche conservatrice. Certains critères doivent être respectés :
Chiens de plus de 20 kg
Chiens dont la période de croissance active est terminée
Absence de problèmes neurologiques concomitants
Absence de toutes sources d’infection (dermatite, cystite, otite…) lorsque la prothèse utilisée est cimentée
Postopératoire
Repos complet 8 semaines
Réévaluation annuelle
Complications
Selon le type de prothèse utilisé, le taux de complications varie de 5 à 15%. Elles sont souvent majeures et nécessitent généralement une seconde intervention chirurgicale :
Luxation de la hanche
Décollement aseptique de l’implant
Décollement septique de l’implant (ostéomyélite)
Fracture
Chirurgie du membre opposé : respecter un minimum de 16 semaines d’intervalle entre les deux interventions.
La symphysiodèse pubienne juvénile
La symphysiodèse pubienne juvénile est une nouvelle technique chirurgicale pour traiter la dysplasie de la hanche. Elle est en fait une méthode préventive puisqu’elle est réalisée, dès le très jeune âge, sur des patients asymptomatiques jugés susceptibles au développement d’arthrose coxofémorale.
Principe (Figure 60)
Il y a cautérisation de la symphyse pubienne (1/2 craniale de la symphyse pelvienne ) qui entraîne une nécrose thermique des chondrocytes germinaux. Cette nécrose a pour conséquence une fermeture prématurée et une union osseuse de la symphyse. La portion ventromédiale du bassin demeure ainsi sous-développée alors que sa portion dorsolatérale croît normalement. Il en résulte une rotation ventrolatérale de l’acétabulum au-dessus de la tête fémorale et une amélioration subséquente de la conformation de la hanche. (Figure 61)
L’ampleur de la ventrolatéralisation de l’acétabulum est directement associée à l’âge du patient lors de l’intervention chirurgicale. Cette intervention améliore de façon significative la conformation du bassin lorsqu’elle est réalisée à 15 ou 20 semaines d’âge. L’amélioration est cependant plus appréciable si l’intervention est réalisée à 15 plutôt qu’à 20 semaines.
figure 60 |
figure 61 |
Candidats
Tout patient de moins de 20 semaines avec une laxité articulaire passive jugée à risque pour le développement éventuel d’arthrose coxofémorale. L’index de laxité, mesurée à partir de la méthode PennHIP est, pour l’instant, l’outil utilisé pour déterminer la susceptibilité au développement d’arthrose. Théoriquement, tous les chiens dont l’index est supérieur à 0,3 sont considérés susceptibles. Cette valeur était donc celle utilisée dans les différentes études. Les inconvénients :
La majorité des chiens ont un index de laxité supérieur à 0,3.
Une importante proportion de chiens avec un index supérieur à 0,3 ne développent jamais d’arthrose, donc ne requièrent pas cette intervention.
Le candidat idéal est donc difficile à définir.
Post-opératoire
Aucune restriction particulière autre que celle associée à la plaie chirurgicale.
Complications
Les complications sont rares et généralement bénignes:
Prévention de la dysplasie de la hanche
La prévention demeure le meilleur traitement de la dysplasie de la hanche. Elle doit se faire par une sélection sévère et rigoureuse des sujets reproducteurs. Il faut favoriser la reproduction :
De sujets certifiés, de conformation bonne ou excellente et dont la lignée est exempte de dysplasie de la hanche depuis plusieurs générations (OFA)
De sujets dont l’index de laxité les confirme dans les meilleurs de leur race (PennHIP)
De sujets reconnus pour produire des rejetons exempts de dysplasie de la hanche
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